Décortiquer une campagne de marketing : Un aperçu

Vous commencez à me connaître, moi et mon obsession du marketing mis en place par l’industrie de la minceur, notamment dans le milieu pharmaceutique. Vous savez que je leur en veux de participer à la rhétorique délétère visant à médicaliser la grosseur pour mieux vendre leurs nouveaux actifs.

Alors aujourd’hui, pour ne pas trop changer, je vous présente un exemple parfait du langage problématique et confus qui est déployé autour d’un actif qui devrait bientôt arriver sur le marché : le tirzepatide (nom commercial Mounjaro, développé par Eli Lilly).

Le tirzepatide est un agoniste des récepteurs du GLP1, ce qui en fait un cousin des fameux Ozempic et Wegovy (Novo Nordisk). Le médicament se présente comme une injection et a été développé pour le traitement du diabète de type 2 (DT2). Comme je le disais, il n’est pas encore sur le marché, mais il est certain que la première de demande pour une autorisation de mise sur le marché (AMM) sera déposée dans le cadre du traitement du DT2.

Maintenant, penchons-nous sur le marketing entourant cet actif, avec pour exemple l’image ci-dessus tirée du site dédié au Mounjaro :

Les personnes prenant Mounjaro ont perdu jusqu’à 11 kg.

Mounjaro n’est pas un médicament pour la perte de poids.

Les résultats individuels peuvent varier. Dans les études avec ou sans autres médicaments contre le diabète, la perte de poids chez les adultes a varié entre 5,4 kg (5 mg) et 11 kg (15 mg).

Vous voyez le problème (ou plutôt les problèmes) ?

  1. On vous annonce que le médicament peut amener à une perte de 11 kg. Est-ce que ces 11 kg sont une moyenne ? Ou simplement le haut de la fourchette ? On ne nous donne pas vraiment d’informations précises sur les conditions d’obtention de cette perte de poids.
  2. Par ailleurs, cette perte de poids est chez des patients diabétiques, avec ou sans autre prise de médicament. Les médicaments pour la gestion du DT2 pouvant provoquer des oscillations de poids, il est important de savoir si la perte de poids indiquée ici a bien été attribuée à M0unjar0 et non à un autre actif, mais pas de détails.
  3. Sans parler du fait que le marketing est douteux : on vous dit en gros, en gras, en couleur “PERTE DE POIDS : 11 KG !” et en petit en-dessous on vous rappelle (parce qu’il le faut bien) que non non, M0unjar0 n’est pas un médicament amaigrissant. Mais on croit rêver !
  4. Et puis on ne parle pas non plus du fait que tout comme avec l’0zemp¡c, il s’agit d’un médicament développé pour des personnes diabétiques et qu’on ne connait pas, sur le moyen à long-terme, l’impact des agonistes du GLP1 sur les non-diabétiques (et notamment sur le stress qui pourrait s’exercer sur les pancréas sains).

Il ne fait absolument aucun doute que Mounjaro va suivre la trajectoire de l’Ozempic : d’abord mis sur le marché pour traiter le DT2 (et donc prescrit aux personnes pouvant en tirer un bénéfice thérapeutique important), il va ensuite être détourné de ces patient·es pour faire face à un marché plus lucratif : celui de l’ob*sité. Il va donc participer à l’intensification de la lutte contre la soi-disant “épidémie d’ob*sité”, avec à la clé des bénéfices mirobolants pour les actionnaires d’Eli.


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