Santé ≠ Poids

TW :

Cet article fait référence à une étude qui discute poids, activité physique et surmortalité. Pour les personnes qui sont dans une phase difficile vis-à-vis du rapport à l’activité physique, je peux imaginer que la discussion qui suit peut être un trigger donc n’hésitez pas à y revenir plus tard (ou jamais, d’ailleurs).

Note :

Je tiens également à noter que vous ne devez à personne d’être en “bonne” santé ou d’avoir une activité physique. Avoir ou non une activité physique régulière ne fait pas de vous une “meilleure” personne. Par ailleurs, nombre d’entre nous avons une relation à l’activité physique difficile, notamment du fait de traitements discriminatoires et humiliants subis du fait de notre corpulence. L’idée ici n’est absolument pas de créer une injonction au sport mais plutôt d’informer sur le fait qu’une activité modérée et régulière est bien plus intéressante pour la santé que la perte de poids (qui, répétée, peut elle-même causer des soucis de santé1).

Capacité cardiorespiratoire

En novembre 2024, une méta-analyse est sortie avec pour but d’évaluer la relation entre capacité cardiorespiratoire2 et indice de masse corporelle (IMC) sur le risque de maladie cardiovasculaire (MCV) et de mortalité toutes causes confondues.3 Si les résultats n’ont rien de révolutionnaire en soi, car venant appuyer les résultats de nombreuses études passées,4 ils valent tout de même le coup d’être mis en avant.

En conclusion, les auteur·ices notent :

La principale conclusion de la présente méta-analyse est qu’une fois la capacité cardiorespiratoire prise en compte, il n’y a pas d’augmentation significative du risque de mortalité toutes causes confondues ou par maladie cardiovasculaire chez les personnes en s*rpoids ou ob*ses.

En revanche, les personnes en “mauvaise forme” [unfit], quelle que soit leur catégorie d’IMC, ont vu leur risque de MCV et de mortalité toutes causes confondues multiplié par deux ou trois par rapport aux personnes de poids normal en bonne santé.

En comparaison, iels ajoutent que :

La stratégie de santé publique s’est largement concentrée sur la perte de poids, mais le taux de récidive est d’environ 100 % après 10 ans de suivi. En outre, la perte de poids intentionnelle seule n’a pas montré d’amélioration constante du risque de mortalité dans les études d’observation ou les essais contrôlés randomisés.

Pire encore, on sait que les régimes yoyo abîment nos corps5 et que la grossophobie médicale, nourrie par une obsession de la minceur, amène les patient·es à repousser les RDV et les professionnel·les à offrir un soin sous-optimal, ce qui impacte également notre santé.6

Activité physique adaptée

L’étude utilise un vocabulaire un peu complexe pour parler de l’intensité de l’activité requise, mais ce qu’on peut retenir c’est qu’une réduction du risque peut s’observer avec une activité modérée et adaptée à l’âge (et, il faut l’ajouter, à la capacité de chacun·e).

On ne parle pas de faire 2h de HIIT par jour, mais d’une activité qui augmente la respiration et le rythme cardiaque (marcher, jouer avec ses enfants, jardiner, faire le ménage, etc.).

Le plus important c’est que ce soit adapté à votre vie pour que ce soit soutenable et agréable. Et je le rappelle, parce que c’est important, vous ne devez à personne d’avoir une activité physique et/ou d’être en recherche d’optimisation de votre santé !

Pour un système de santé non-pondéro-centré

Cette étude vient s’ajouter à un nombre grandissant d’études indiquant que la forme physique est un bien meilleur indicateur de santé que le poids. A l’inverse, se concentrer sur le poids (et notamment sur la perte de poids) est dommageable à notre santé (effet yoyo délétère, grossophobie médicale et ses conséquences sur notre prise en charge, etc.).

Il est grand temps de tourner la page d’une science pondéro-centrée qui n’a pas fait ses preuves en 50 ans pour s’intéresser à ce qui fait réellement gagner en santé.

TL;DR

  • Votre forme physique est un bien meilleur indicateur de santé que votre poids ;
  • Une personne à un poids élevé mais avec une bonne capacité cardiorespiratoire a une mortalité comparable à celle des personnes minces ayant une capacité similaire ;
  • Inversement, une personne mince avec une capacité cardiorespiratoire moindre a de plus grands risques qu’une personne grosse avec une bonne capacité ;
  • Votre poids ne dit rien de votre santé et il est grand temps de mettre derrière nous un modèle de santé pondéro-centré qui n’a pas fait ses preuves et qui, pire encore, nous fait continuellement du mal.
  1. Voir l’article “Régimes yoyo et santé” (23 avril 2024). ↩︎
  2. La capacité cardiorespiratoire est la capacité de votre cœur et de vos poumons à fonctionner efficacement pour fournir de l’oxygène à vos muscles pendant un effort physique. ↩︎
  3. Weeldreyer NR, De Guzman JC, Paterson C, et al. (2024) Cardiorespiratory fitness, body mass index and mortality: a systematic review and meta-analysis. In British Journal of Sports Medicine. ↩︎
  4. Voir par exemple Gaesser et Angadi (2021) Obesity treatment: Weight loss versus increasing fitness and physical activity for reducing health risks. In iScience 24(10); McAuley et al. (2014) Fitness, Fatness, and Survival in Adults With Prediabetes. In Diabetes Care 37(2):529–536. ↩︎
  5. Voir l’article “La résilience du paradigme de santé pondéro-centré” (1 mai 2024). ↩︎
  6. Voir par exemple Mensinger et al. (2018) Mechanisms underlying weight status and healthcare avoidance in women: A study of weight stigma, body-related shame and guilt, and healthcare stress. In Body Image 25:139-147. ↩︎

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *